jeudi 12 octobre 2017

Le temple du soleil.

Le Pérou est connu pour la quantité de ruines précolombiennes présentes sur son territoire, mais il y a un site en particulier qui fait rêver le monde entier. Base arrière de l'empereur Pachacutec, il a été perdu après la chute de l'empire Inca suite à l'arrivée des Espagnols et n'a été redécouvert qu'en 1911 (et encore, le mot "redécouvert" est litigieux). Les voies pour permettre l'accès aux milliers de touristes quotidiens y sont aujourd'hui légion ; en bus, en train, en voiture, ou via l'historique trek "chemin des Incas" (tellement populaire que les mules y sont interdites. Alors du coup, ce sont des enfants de quinze ans qui portent les bouteilles de gaz pour permettre aux précieux d'avoir une douche chaude le soir). Pour nous, ce sera l'alternative du Salkantay (sommet qui culmine à 6200m), randonnée très touristique également mais plus variée en paysages et sans passer par agence.



"Cette fois on est parti, mon vieux Milou !"



Tous les égouts vont dans la nature
La randonnée commence le premier jour en longeant un "canal Inca" (je ne sais pas s'il a été réellement construit par les Incas, je n'ai pas réussi à savoir si le béton et les bâches en plastique existaient à l'époque) pendant quelques kilomètres pour arriver au pied du nevado Salkantay et d'une magnifique lagune bleu-de-chiottes. La journée aura été courte, sans difficulté particulière ; le deuxième jour en revanche, s'annonce comme étant le plus ardu du trek, avec dix heures de marche et le passage du col du Salkantay à 4600m.


Bon alors, "ardu" était un putain d'euphémisme. J'avais copieusement surévalué mon niveau, et avec la mauvaise nuit passée et le sac bien lourd sur le dos, le plan ne s'est pas déroulé sans accrocs. Bon j'exagère, il n'y a pas eu de problème particulier, c'est juste que pendant la montée, avec le manque d'oxygène, je devais récupérer mon souffle toutes les deux minutes, les muscles étant trop faibles pour bouger. J'avais beau essayer de pousser un peu, impossible, mes jambes étaient têtues (on aurait dit des mules) ! Du coup, il n'a pas fallu les trois heures prévues pour passer le col, mais quatre et demie. Mais en arrivant, on a eu la chance de voir notre premier vol de condors ! "C'est à dire que vu d'ici, ce serait de gros poulets que ça ferait pareil !" Et encore cinq heures de marche derrière. On est arrivés le soir au camping épuisés, c'était a priori la journée la plus difficile du trek ; elle est heureusement maintenant derrière moi.



C'est ici que Che Guevarra s'est tordu la cheville.



Ah ben non en fait, c'était la troisième journée la plus difficile. On a décidé de prendre une voie alternative en passant à Llaqtapata : quatre heures de remontée en plus. Je n'en ai jamais autant chié de ma vie ; sans doute pour un ensemble de raisons, dont la fatigue et le soleil en tête. Je suis arrivé au point de vue tout en haut à bout de forces et de souffle ; et en voyant les si célèbres ruines Incas perchées au loin sur la montagne, je suis tombé à genoux et mon estomac a fait une vidange express (mais je doute que ce soit dû aux émotions).






La fin du trek ne sera pas aisée non plus à cause de la fatigue cumulée, mais au final il est clair que c'est la plus belle randonnée que j'ai jamais faite. On est passé par les lagunes bleues, les monts enneigés et les glaciers, pour finir dans la forêt tropicale d'altitude. Il y avait même quelques ruines précolombiennes sur le chemin du quatrième jour. On a dormi au camping municipal le soir, au bord du rio Urubamba (futur Amazone), à l'entrée du pont qui annonce les deux dernières heures montée pour accéder à la mythique citée perdue (qui n'a donc plus rien de perdue).

Les Incas jouaient déjà au golf.
C'est en arrivant en haut que l'on a eu la fameuse vue dominante sur l'ensemble des ruines avec le mont Huayna derrière, dont la photo prise des millions de fois, a fait le tour du monde. Les émotions sont là, l'accomplissement de cinq jours de randonnée éprouvante et de longs mois d'attente pendant la préparation du voyage. On a un grand ciel bleu, il est encore tôt et les touristes n'ont pas investi tout le site : il est possible de prendre des photos sans personne dessus, c'est magnifique !




 

6 commentaires:

  1. C'est agréable de te lire Léo ! Avec ton humour que je reconnais bien..
    Bravo en tout cas pour tout ce périple, me suis abonnée pour pouvoir suivre un peu plus tout ça :)
    Bises
    Juliette

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  2. Merci pour le compliment, cela fait plaisir á lire :)

    Gros bisous !

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  3. En te lisant je me dis quel périple ! Vaut mieux avoir une nature sportive et résistante.
    Un plaisir de te lire, c'est très frais....
    Bises mon fils

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  4. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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